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Entretien avec Marta Fernandes

Cinéma Ideal, Lisboa

09/05/2020

A travers une série d’entretiens avec les exploitants membres de son comité de validation, Europa Cinemas réalise un état des lieux de l’exploitation indépendante en Europe en ces temps de crise.

Entretien avec Marta Fernandes

1 - Tout d’abord, comment allez-vous ?

Bien, merci.

2 - Comment gérez-vous cette situation particulière d’un point de vue professionnel ? Actuellement, êtes-vous au travail, avez-vous des revenus ?

Les salariés du cinéma sont à la maison. L'État contribue à une petite partie de leur salaire et le reste est payé par l'entreprise.

Depuis le 13 mars, date à laquelle nous avons décidé de fermer le Cinéma Idéal, nous n'avons plus de revenus. Cependant, la plupart de nos charges financières demeurent, ce qui nous préoccupe, naturellement.

3 - Quels projets vous ont paru intéressants pour maintenir une activité et lesquels avez-vous pu mettre en place ? Ces initiatives modifient-elles votre cœur d’activité ?

Nous avons maintenu l'activité sur les réseaux sociaux, en partageant des images du cinéma et d'autres publications, des articles sur les défis auxquels les cinémas sont confrontés et sur la façon dont certaines personnalités ou gouvernements veulent les soutenir. Ce sont des publications avec lesquelles les habitués de notre salle interagissent beaucoup, révélant ainsi un public fidèle, auquel la salle manque et qui a l’intention d'y retourner. Ils nous envoient, par ce biais, de la force et du courage pour continuer.

En raison de la fermeture, le cinéma ne peut plus remplir sa mission principale : présenter le meilleur du cinéma. Tout ce que nous pourrions développer serait insuffisant, mais nous avons décidé “d'ouvrir les portes" en ligne. En effet, nous avons fait la promotion d'une séance en ligne gratuite d'un documentaire sur une artiste portugaise, la chanteuse de fado Aldina Duarte, non seulement parce qu'elle est une spectatrice régulière et une amie de notre salle, mais aussi parce qu'elle l’avait choisie pour présenter son dernier album très récemment.

Par ailleurs, bien que cela ne signifie pas un retour au cinéma, nous avons encouragé les gens à regarder et à louer des films dans les services de vidéoclub en ligne et sur la plateforme Filmin, car c'est essentiel pour la survie des distributeurs indépendants qui présentent leurs films en avant-première au Cinéma Idéal. Nous étudions également la possibilité de créer notre propre plateforme VOD pour proposer certains des films sortis dans la salle. Lorsque le cinéma rouvrira, elle pourrait compléter et renforcer sa programmation.

4 – Vous pensez donc que ces nouvelles activités pourraient perdurer après la période de la pandémie ? De nouvelles règles, de nouvelles manières de faire vont-elles se mettre en place pour votre activité ?

Oui, la plateforme que nous envisageons de créer pourrait donc devenir un complément de notre programmation cinématographique.

Surtout, nous devons penser que la réouverture ne signifiera pas forcément un "retour à la normale". De nombreux mois suivront au cours desquels notre relation avec notre environnement subira de profonds changements. À l'heure actuelle, la consommation culturelle a totalement changé, passant des lieux publics et des salles de spectacle à la maison. Mais nous pensons que tant que les conditions de sécurité seront garanties, les gens voudront revenir et profiter ensemble de ces activités.

5 - Quelle est la réponse de l’Etat et des institutions publiques locales portugaises, pour les salles de cinéma ?

Au Portugal, il n'y a actuellement aucune mesure annoncée par l'Instituto do Cinema ou d'autres entités locales pour soutenir concrètement les cinémas, malgré tous les efforts déployés dans ce sens.

6 - Quelles sont vos plus grandes inquiétudes pour les mois à venir ? Comment voyez-vous la reprise ? Dans votre rapport à votre public, avez-vous des craintes ou au contraire voyez-vous des raisons d’être optimiste ?

La réouverture de la salle posera un certain nombre de problèmes. Tout d'abord, les conditions de réouverture. Ces conditions n'ont pas encore été annoncées, bien que le gouvernement souhaite commencer à établir les grandes lignes de réouverture des salles de spectacle ayant des sièges numérotés. Le nombre de places dans la salle devra être très limité. Il faudra probablement aussi prévoir un intervalle plus long entre les séances pour éviter les croisements de spectateurs. Et il sera nécessaire de garantir des conditions sanitaires qui offrent une sécurité au personnel et aux spectateurs.

D'autre part, après ce confinement, la baisse de confiance de notre public envers le cinéma et les regroupements nous inquiète particulièrement. En effet, une part importante de notre public appartient aux tranches d'âge les plus élevées et donc les plus à risque.

En termes de programmation, ce sera aussi un énorme défi car les premières, les films et les événements vont s’accumuler. Il y a des films qui ont fait leur première juste avant la fermeture des salles et, dans certains cas, il est parfaitement logique de les reprendre et de leur permettre de faire leur carrière en salle. Mais il y a aussi toutes les premières qui étaient prévues pour ces semaines de confinement et les festivals qui ont reporté leurs dates.

Nous espérons survivre à cette crise et nous sommes sûrs que nous rouvrirons avec la meilleure programmation possible et que nous continuerons à compter sur nos fidèles spectateurs.

Nous croyons, comme nous l'avons écrit aux portes du cinéma, que “vai ficar tudo bem” (“tout ira bien”).

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Mai 2020

Belén Molla Diez

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http://www.cinemaideal.pt/

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Entrevista Marta Fernandes

Cinema Ideal, Lisboa

1 - Antes de tudo, como está?

Bem, obrigada.

2 - Do ponto de vista profissional, como administra esta situação única? Você e os seus colegas estão trabalhando? Você tem algum rendimento?

Os trabalhadores do cinema estão em casa. O Estado contribui com uma pequena parte do seu salário, a restante continua a ser paga pela empresa.

Desde o dia 13 de Março, data em que decidimos encerrar o Cinema Ideal, que não temos receitas, no entanto, mantêm-se a maioria dos nossos encargos financeiros, algo para que olhamos com natural preocupação.

3 - Que projetos achou interessante para manter a atividade, e quais conseguiu montar? Estas ações modificam de alguma forma o núcleo da sua atividade?

Temos mantido a actividade nas redes sociais, partilhando fotografias do cinema e outras publicações, artigos relativos aos desafios que as salas de cinema enfrentam e como algumas personalidades ou governos já manifestaram intenções de apoiar. São publicações com que os seguidores interagem bastante, mostrando que existe um público que é fiel à sala, que sente falta de ir ao cinema e que manifesta intenção de voltar. Desejam força e ânimo para continuar.

De portas fechadas, o cinema deixa de poder cumprir a sua missão: apresentar o melhor cinema do mundo. Tudo o que pudéssemos desenvolver ficaria aquém, mas resolvemos “abrir as portas” com uma sessão online. Promovemos uma sessão gratuita online de um documentário sobre uma artista portuguesa, a fadista Aldina Duarte, não só porque é uma espectadora assídua e amiga do cinema Ideal, mas também porque escolheu o cinema para apresentar muito recentemente o seu último disco.

E, apesar de isso não significar um retorno para o cinema, incentivámos as pessoas a ver e alugar filmes nos serviços de videoclube das televisões e na plataforma Filmin, já que isso é essencial para a sobrevivência dos distribuidores independentes que estreiam os seus filmes no Cinema Ideal. Estamos também a estudar a hipótese de criar uma plataforma VOD do próprio que possa oferecer alguns dos filmes estreados no Ideal e quando o cinema reabrir complementar e reforçar a sua programação.

4 - Acha que essas novas atividades podem continuar após o período pandémico? Serão estabelecidas novas formas e regras para as salas de cinema?

Sim, a plataforma que estamos a pensar criar pode vir a funcionar como um complemento à programação futura no Cinema.

E sobretudo devemos pensar que a reabertura não significará um “regresso à normalidade”. Seguir-se-ão muitos meses em que a relação das pessoas com o seu meio envolvente sofrerá profundas transformações. Neste momento, houve uma total mudança do consumo cultural que deixou de ser feito em locais públicos e salas de espectáculo e passou a ser feito em casa. Mas acreditamos que desde que garantidas as condições de segurança as pessoas terão vontade de regressar e usufruir em conjunto dessas actividades.

5 - Quais são as iniciativas do Estado e das instituições públicas regionais e locais para ajudar as salas de cinema neste período de crise? Existem apoios financeiros? Se não, eles estão sendo considerados?

Em Portugal, neste momento, não existe nenhuma medida anunciada do Instituto do Cinema ou de outras entidades locais para apoio concreto aos cinemas, apesar de todos os esforços desenvolvidos nesse sentido.

6 - Quais são as suas maiores preocupações para os próximos meses? Como vê a recuperação? Tem planos para um evento especial?  Na sua relação com o público, tem algum medo ou, pelo contrário, vê razões para otimismo?

Há uma série de desafios que se colocarão na reabertura da sala. Em primeiro lugar, em que condições será possível reabrir e que não foram ainda anunciadas, apesar do Governo ter já manifestado uma intenção de começar a delinear a reabertura de recintos de espectáculos desde que tenham lugares marcados. A lotação da sala terá de ser muito limitada. Provavelmente será também necessário existir um intervalo maior entre sessões de forma a que menos pessoas se cruzem. E será necessário que em termos sanitários sejam garantidas condições que ofereçam segurança para funcionários do cinema e espectadores.

Por outro lado, a confiança das pessoas depois de todo este tempo de confinamento para voltar a ir ao cinema e estar em grupo é algo que vemos com maior preocupação quando sabemos que temos uma parte importante do nosso público nas faixas etárias mais envelhecidas e portanto entre os grupos de maior risco.

Em termos de programação, será também um enorme desafio porque se acumularão estreias, filmes e eventos. Há os filmes que estrearam imediatamente antes do encerramento das salas e que em alguns casos faz todo o sentido retomar e permitir-lhes fazer a sua carreira em cinema, todas as estreias que estavam programadas para estas semanas de confinamento e os festivais que adiaram as suas datas.

Esperamos sobreviver a esta crise e estamos certos que reabriremos com a melhor programação possível e que continuaremos a contar com os nossos fiéis espectadores.  Acreditamos, como escrevemos nas portas do cinema, que “vai ficar tudo bem”.

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Maio 2020

Belén Molla Diez

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http://www.cinemaideal.pt/

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