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Entretien avec Ramiro Ledo

NUMAX na casa, Espagne

18/04/2020

A travers une série d’entretiens avec les exploitants membres de son comité de validation, Europa Cinemas apporte un état des lieux de l’exploitation indépendante en Europe en ces temps de crise. Nous commençons avec Ramiro Ledo, exploitant du NUMAX à Saint-Jacques de Compostelle, en Espagne, qui revient sur les importantes difficultés financières rencontrées et les initiatives mises en oeuvre dans un délai très court.

Entretien avec Ramiro Ledo

(Version originale espagnole ci-dessous)

1 - Comment allez-vous ?

Très bien, merci.

2 - Comment gérez-vous cette situation particulière d’un point de vue professionnel?

Le sentiment dominant est celui de l'inquiétude et de l'incertitude. Sur le plan interne, nous avons demandé la mise au chômage du personnel en activité, tant les salariés fixes que les contrats temporaires, du cinéma NUMAX et du cinéma DUPLEX, les deux lieux que je gère. Le gouvernement prend en charge 70 % des salaires mensuels et nous complétons  volontairement jusqu'à 100 %. C'est la seule mesure mise en oeuvre par l’Etat. A l’heure actuelle, il n'existe pas de mesure spécifique aux salles de cinéma.

Concernant la relation avec les spectateurs membres de nos programmes de fidélité par le biais des abonnements annuels, nous avons décidé de les prolonger gratuitement de la durée de fermeture des salles. 

3 - Quels projets vous ont paru intéressants pour maintenir une activité et lesquels avez-vous pu mettre en place?

Dès le début, une fois les questions administratives résolues et les activités annulées ou reportées (ce qui nous a occupé pendant 2 semaines après la fermeture des cinémas le 13 mars), nous avons essayé de concevoir un plan qui nous permettrait de rester en contact avec notre public. J'ai pris quelques contacts avec des exploitants voisins et nous avons échangé nos points de vue, en partageant les initiatives que d'autres cinémas mettaient en œuvre dans des pays qui avaient déjà été touchés par le coronavirus.

En parlant avec Manuel Asín (programmateur au Cine Estudio du Círculo de Bellas Artes, à Madrid), nous avons trouvé certains cinémas très inspirants, comme le Postmodernissimo (Pérouse), le Kino Arsenal (Berlin) ou le Film Forum (New York). De façon générale, il s'agissait pour ces cinémas de déplacer la projection de la salle vers le site internet. Dans certains cas, l’offre en ligne portait sur des oeuvres liées à des cinéastes et des artistes qui avaient déjà été présentés dans leur programmation, donnant accès à certains titres gratuitement et pour un temps limité. Le Film Forum  a mis en place un accord avec une plateforme de VoD pour donner accès aux titres qui avaient été présentés pendant la semaine de fermeture de la salle. Une partie des recettes revenait directement au cinéma, contribuant symboliquement à sa réouverture. Au fil des jours, des initiatives similaires se sont généralisées. Par exemple, aux États-Unis, la sortie de BACURAU a pu être maintenue grâce au distributeur Kino Lorber qui a réussi, par l'intermédiaire de Kinon Now, à mettre en place un système de salles virtuelles reliées à chaque cinéma, distribuant les revenus de chaque billet virtuel.

Il s'agissait donc de trouver un moyen de maintenir un travail de programmation mais aussi de pouvoir garder un lien avec notre public. J'ai ainsi contacté une plateforme de vidéo à la demande pour leur demander s'il était possible de nous donner accès à leurs titres, sous forme de location en TVoD.

Sur le plan technique, ça a été plus difficile que prévu. De plus, le trafic VoD a fortement augmenté à ce moment-là et  il a été difficile d'avoir un développement sur mesure en peu de temps. J'ai cependant pu vérifier que Vimeo on demand le permettait et j'ai pris contact avec certains distributeurs pour leur demander la permission d'incorporer certains de leurs titres à notre programmation hebdomadaire. Ainsi, chaque semaine, nous renouvelons la programmation avec de nouveaux titres et des continuités, en respectant la législation existante. Les recettes sont partagées à 50-50 avec les distributeurs.

En outre, nous avons rejoint l'initiative https://salavirtualdecine.com du distributeur A Contracorriente, en incorporant certains de ses titres dans la programmation hebdomadaire de NUMAX na casa et de DUPLEX na casa.

Ainsi, nous pouvons continuer à programmer des sorties en VoD, des copies de films patrimoniaux, et à  récupérer des titres récents avec des sorties plus limitées que nous avions déjà programmés en salle, comme EN ATTENDANT LES BARBARES d'Eugène Green. C'est une façon de maintenir l'activité, en générant un revenu très symbolique, qui est loin, cependant, de couvrir nos frais.

4 - Pensez-vous que ces nouvelles activités pourraient perdurer après la période de la pandémie? De nouvelles règles, de nouvelles manières de faire vont-elles se mettre en place pour votre activité et celle de vos confrères?

Je ne sais pas. Certes, il y a quelques années, au festival de Locarno, j’ai entendu quelqu'un parler d'une initiative visant précisément à mettre à disposition des cinémas, un outil pour l’existence de la VOD sur les sites web des salles. Je trouve cela intéressant en complément de la programmation en avant-première des salles dont l'espace et la capacité sont parfois limités (par exemple, le Cinéma NUMAX est un écran unique de 70 places). Ce qui  permettrait aux salles, par exemple, de programmer, à côté des titres en avant-première, d'autres films auxquels les spectateurs pourraient accéder depuis leur domicile.

Il semble très probable qu'après cette pandémie, le plan d'exploitation soit ajusté. Cela ne devrait pas nécessairement nuire aux salles les plus actives tant qu'elles bénéficient du soutien de leur gouvernement et de mesures spécifiques pour le développement du public et de leur communication, et d’une protection pour que les cinémas demeurent le premier espace de circulation des films. Pendant la période du confinement, beaucoup de spectateurs se familiarisent avec le cinéma à travers la VoD. C’est le côté positif : faire découvrir de nouveaux titres et de nouvelles formes d'accès au cinéma à un public qui avait peut-être encore la salle comme seule référence. En même temps, cela remet en valeur le souvenir du cinéma, de son confort et de ses conditions techniques... Je pense que le travail de programmation des salles sera plus exigent, et que le public appréciera des espaces qui offrent plus que la simple projection d'un film. En parallèle, les grands groupes (majors) tenteront de prouver leur capacité à détourner une partie du public des salles vers les plateformes qu'ils possèdent.

5 - Quelles sont vos plus grandes inquiétudes pour les mois à venir? Dans votre rapport au public, avez-vous des craintes ou au contraire voyez-vous des raisons d’être optimiste?

Ma principale inquiétude concerne les conditions sanitaires. Lorsque nous pourrons rouvrir, les cinémas seront-ils un lieu sûr pour nos spectateurs et le personnel? Ensuite, je me pose la question de la durée de fermeture et  des conditions de réouverture, qu'il y ait ou non des limitations de capacité. Depuis le 13 mars, les recettes sont nulles et les pertes estimées, entre les coûts fixes, le manque de recettes et le personnel, sont très importantes. Il nous faudra du temps pour récupérer le manque à gagner.

Je préfère ne pas trop penser aux conditions dans lesquelles nous serons au moment de la réouverture, car l'été est la période la moins fréquentée pour les cinémas indépendants comme le nôtre. Si on ne trouve pas une solution, plus d’une salle devra définitivement fermer. Il m'est difficile de définir mon état d'esprit aujourd’hui, mais je pense que le fait de maintenir les deux lieux en vie de façon virtuelle aidera le moment venu.

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Avril 2020

Belén Molla Diez, avec Jean-Baptiste Selliez

Portrait de Ramiro: Tamara de la Fuente

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https://numax.org/

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Entrevista a Ramiro Leda - Versión original

1 - Antes de nada,  ¿cómo está?

Bien, gracias

2 - Desde un punto de vista profesional, ¿Cómo gestiona esta situación singular?

El sentir dominante es la preocupación y la incerteza. A nivel empresarial, hemos solicitado la suspensión temporal de los contratos del personal trabajador, tanto cooperativistas como asalariados en Cinema NUMAX y del personal asalariado en DUPLEX Cinema, los dos locales que gestiono. El gobierno asume en estos casos el 70% de la base reguladora de las remuneraciones mensuales y las empresas (NUMAX, S. Coop. Galega y Nocturama SL, respectivamente) complementan voluntariamente hasta el 100% del salario en ambos casos. Es la única medida a la que ahora mismo podemos acogernos de las implementadas por el estado. En España, a día de hoy, no existe ninguna medida específica para los cines.

En cuanto a la relación con las personas vinculadas a nuestros programas de fidelización mediante el carnet de abono anual (abono DUPLEX y abono NUMAX), decidimos prorrogar de forma gratuita todos los carnets tanto tiempo como permanezcan cerrados los cines.

3 - ¿Qué proyectos le parecieron interesantes para mantener su actividad y cuáles pudo llevar a cabo?

Desde el primer momento, una vez resueltas las cuestiones administrativas y cancelado o pospuestas las actividades ya comprometidas (lo que nos ocupó las dos primeras semanas desde el cierre de los cines el 13 de marzo), intentamos diseñar algún plan que nos permitiese mantener el contacto con nuestra audiencia local. Inicié algunos contactos con exhibidores próximos e intercambiamos impresiones, compartiendo las iniciativas que otros cines iban implementando en países que ya se habían visto afectados por el cierre.

Hablando con Manuel Asín (programador del Cine Estudio del Círculo de Bellas Artes, en Madrid), nos parecían muy inspiradoras algunas en concreto, como las de Postmodernissimo (Perugia), Kino Arsenal (Berlin) o Film Forum (Nueva York). En general, en todas se trataba de desplazar la proyección de la sala a la página web. En unos casos mostrando trabajos vinculados a cineastas y artistas colaboradores presentes en las programaciones de la sala anteriormente, dando acceso a algunos títulos de forma gratuíta y durante un tiempo limitado, y en el caso de Film Forum, un acuerdo con una plataforma VoD para darle continuidad a los títulos que estaban en cartelera la semana del cierre de la sala. En este último caso, además, una parte de la recaudación revertía directamente en el cine, contribuyendo simbólicamente a su reapertura. A medida que fueron pasando los días, se iban generalizando iniciativas similares, y, por ejemplo, me fijé que en USA el estreno de BACURAU pudo mantenerse gracias a que la distribuidora Kino Lorber consiguió, a través de Kino Now, logró implementar un sistema de salas virtuales vinculadas a cada cine, repartiendo los ingresos de cada entrada virtual.

Se trataba de encontrar una manera natural de mantener un trabajo de programación y de poder también continuar vinculados al día a día y a nuestro público habitual. Así que me puse en contacto con alguna plataforma de vídeo bajo demanda para plantearles la posibilidad de darnos acceso a sus títulos, bajo modalidad de alquiler en TvoD.

Parece sin embargo que no resultaba tan sencillo como me imaginaba para las plataformas a nivel técnico, y coincidió además con un momento de incremento frenético del tráfico del VoD, por lo que era difícil disponer de un desarrollo a medida en un plazo breve de tiempo. Pude comprobar, sin embargo, que Vimeo on demand sí que lo permitía e inicié el contacto con algunas distribuidoras para solicitar permiso e incorporar alguno de sus títulos a nuestra programación semanal. De esta forma, cada semana renovamos la programación con títulos nuevos y continuidades, respetando cuando existe la ventana entre la sala y la plataforma (en España es un acuerdo sectorial que no está incorporado a la ley del cine la distancia entre ventanas de exhibición). Los ingresos de la recaudación son repartidos al 50% con los distribuidores. Además, nos hemos sumado a la iniciativa https://salavirtualdecine.com de la distribuidora A Contracorriente, incorporando algunos de sus títulos en nuestra programación semanal de NUMAX na casa y DUPLEX na casa.

De esta manera, podemos seguir programando estrenos VoD, copias de películas de patrimonio, y recuperar títulos recientes de estreno más limitado que ya habíamos programado en la sala, como EN ATTENDANT LES BARBARES, de Eugène Green. Es una forma de mantener la actividad, generando unos ingresos muy simbólicos, que no alcanzan ni de lejos para cubrir una mínima partes de los gastos fijos que todavía soportamos.

4 - ¿Cree que estas nuevas iniciativas- como Numax na casa-  podrían mantenerse después  del periodo de confinamiento? ¿Se van a establecer nuevas formas y reglas de desarrollar la actividad?

Lo desconozco. Aunque recuerdo hace años durante unas jornadas de industria dentro del programa Step-In del Festival de Locarno a las que pude asistir, escuchar hablar a alguien de una iniciativa encaminada precisamente a poner a disposición de los cines una herramienta para la convivencia del VoD en la web de la sala de cine. Sigue pareciéndome interesante, como un complemento a la programación de estreno de las salas con más limitación de espacio y aforo (por ejemplo, Cinema NUMAX es pantalla única y 70 butacas y DUPLEX Cinema dos pantallas de 72 y 118 plazas), y permitiría, por ejemplo, programar junto a títulos de estreno otras películas relacionadas a las que los espectadores podrían acceder desde sus casas.

Parece muy probable que, después de esta pandemia, el mapa de la exhibición reaparecerá con algún ajuste, lo que no necesariamente debe perjudicar a las salas de cine más activas siempre y cuando tengan el apoyo de sus gobiernos con medidas específicas para desarrollo de públicos, comunicación y que se favorezca de manera decidida la función de la sala como primer espacio de circulación de las películas. Durante el período de confinamiento, mucha gente está naturalizando una relación con el cine a través del VoD que nunca fue tan intensa, y esto tiene la parte positiva de descubrir nuevos títulos y formas de acceso a un público que quizás todavía tenía como única referencia la sala de cine, y a la vez pone en valor el recuerdo de la sala de cine, de su confort y condiciones técnicas para acceder a esos contenidos de manera óptima y sin distracciones. Creo que el trabajo de programación de las salas será más exigente, y el público agradecerá espacios que ofrezcan algo más que la mera proyección de una película, como la posibilidad de comprar un libro relacionado o tomar un café tranquilamente antes de entrar, generando vínculos de diferentes tipos en un ambiente cercano. Los grandes grupos (majors) intentarán probar su capacidad para derivar parte de sus espectadores desde las salas a las plataformas de su propiedad. Sin duda se avecinan cambios.

5 - ¿Cuáles son sus mayores preocupaciones en relación a los próximos meses? En relación al público, ¿tiene usted algún temor o es más bien optimista?

La primera preocupación son las condiciones sanitarias, que cuando podamos abrir de nuevo, los cines sean un lugar seguro tanto para nuestros espectadores como para el personal trabajador, la duración del cierre, las condiciones de reapertura (si habrá o no limitaciones de aforo). Desde el 13 de marzo los ingresos son nulos y las pérdidas estimadas entre gastos fijos, ingresos no percibidos y personal son muy importantes, mientras las medidas laborales sean de aplicación, algo menos, pero llevamos ya 30 días y parece que tardaremos tiempo en recuperarnos.

Prefiero no pensar mucho en las condiciones en que llegaremos a la reapertura, pues el verano es la época de menos asistencia para las salas de cine independiente como la nuestra. Si no se le pone remedio, más de un local tendrá difícil reabrir sus puertas. Me cuesta definir mi estado de ánimo en estos momentos, pero creo que intentando mantener con vida ambos proyectos de forma virtual la reapertura se realizará de forma más natural.

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Abril 2020

Belén Molla Diez, con Jean-Baptiste Selliez

Foto de Ramiro: Tamara de la Fuente

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https://numax.org/

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