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Une découverte des cinémas de Curzon à Londres

Jan Makosch

13/01/2017

"Il faut toujours garder en tête que le public viendra avant tout pour l'expérience cinématographique !"

Une découverte des cinémas de Curzon à Londres

Mon objectif lorsque j’ai postulé pour le programme Next/Change d'Europa Cinemas était d'élargir mon horizon sur le design intérieur des cinémas. J'ai choisi la société britannique Curzon Cinemas pour deux raisons. D’une part, leur entreprise est vraiment similaire à Yorck Kino Gruppe quant à sa taille et au nombre de salles. D’autre part, mes collègues ont rencontré Irene Musumeci de Curzon lors du dernier séminaire sur l’innovation Europa Cinemas à Bologne, où ils avaient planifié cet échange entre nos entreprises.

Pour résumer mon propos, je dirais que l’on peut observer deux évolutions dans le design des salles de cinéma. Tout d'abord, dans les nouveaux cinémas et dans ceux qui ont été rénovés récemment, les écrans deviennent plus petits. La capacité des salles est de 30 à 150 fauteuils maximum. D’autre part, les cinémas deviennent des endroits modernes et confortables qui invitent le public à y passer davantage de temps que pour la seule projection.

Nombreux sont les cinémas art et essai à avoir été construits il y a des décennies avec une salle très grande, qui était d’ailleurs le plus souvent l’écran unique du cinéma. Mais le nombre de films sortis par an a considérablement augmenté ces dernières années. Pour être en mesure de montrer la variété des films d’auteur, il est devenu plus rentable d’avoir davantage d’écrans, même si le nombre de fauteuils par salle est inférieur.

Il est plus important d’offrir au public des attractions supplémentaires que de montrer un programme de film régulier. Pour ce faire, le cinéma en tant qu'espace culturel doit devenir un lieu attrayant et accueillant qui favorise les rencontres entre amis et collègues. Même si rares sont les spectateurs à la première séance de la journée, l'ouverture de votre cinéma tôt dans la journée, autour de midi par exemple, aide à ce que le lieu soit identifié par votre public potentiel. Le public réalise que le cinéma est ouvert pour prendre un café ou un verre de vin dans la soirée.

Dans mon cinéma, il est fréquent que les spectateurs achètent un billet puis prennent une bière à l’extérieur pour revenir juste avant le début du film. Nous voulons essayer d'attirer les gens en proposant un lieu où ils peuvent passer du temps et se sentir à l'aise. Pour cela, il est judicieux d’apporter un soin particulier à l’ameublement et à l’éclairage du lieu.

La plupart des cinémas que j'ai visités à Londres, en particulier ceux de Victoria et Bloomsbury, sont des lieux élégants et agréables où l’on peut se détendre et prendre un café. La plupart des cinémas ont de vrais bars avec du vin, des machines à café et un lave-vaisselle. Le cinéma fait donc appel à un personnel supplémentaire.

Le self-service est une autre solution pour l’achat de nourriture et de boisson. Le client choisit lui-même boissons et sandwiches sur une étagère en face de la caisse, ce qui lui donne un rôle actif dans l’acte d’achat.

À Londres, nombreux sont les cinémas à proposer une connexion Wi-Fi gratuite. Les spectateurs restent plus longtemps et passent un moment plus agréable. Des écrans numériques montrent les bandes annonces des films récents. Les distributeurs continuent cependant l’affichage sur papier.

J'ai eu la possibilité de visiter cinq cinémas dans différents quartiers de Londres. Dans chaque salle, le public était diversifié mais à chaque fois d’une façon différente. Mon premier constat sur les salles est d’avoir vu en elles, d’un point de vue extérieur, plutôt des bars et cafés que des cinémas au sens où on aurait pu s’y attendre. Au Curzon Bloomsbury, le cinéma d'un écran de plus de 600 sièges a été divisé en 6 petits écrans : quatre écrans avec environ 30 sièges et deux plus grands. Ces salles sont souvent louées par des personnes ou structures privées. La location est plus facile pour l’exploitant qui a trois écrans ou plus, car il peut se permettre d’enlever une séance à un film.

Durant la plus grande partie de l’année, il est plus rentable de montrer six films différents dans plusieurs petites salles plutôt qu'un seul film dans une grande salle, dont la capacité est à peine utilisée. D'autre part, il me semble important de ne pas répéter l’erreur commise dans les années 80 en Allemagne avec la construction des fameux « Schachtelkinos », petites salles conçues comme des petites boîtes qui ne vous donnent plus la sensation d’être au cinéma.

Pour se démarquer, certaines salles de périphérie ont été construites dans des lieux inhabituels comme d'anciennes banques et usines.

Ces efforts pour proposer des endroits agréables et branchés ne doivent cependant pas nous amener à devenir une sorte de Starbucks, soit une chaîne sans individualité.

Enfin, il faut toujours garder en tête que le public viendra avant tout pour l'expérience cinématographique !

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Par Jan Makosch (Yorck Kino Gruppe), du 08 au 16 novembre 2016

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